La nouvelle direction de NTV a investi durant la nuit les locaux de la chaîne de télévision russe.
Depuis 15 jours, les journalistes refusaient ce changement au nom de l'indépendance rédactionnelle. Ils craignent d'être muselés
par le Kremlin, principal actionnaire du géant gazier Gazprom, qui contrôle désormais la chaîne.
Après les sommations, les actes. La nouvelle direction
de NTV a investi tôt ce matin les locaux de la télévision russe dont le personnel se bat au nom de l'indépendance rédactionnelle. Les troupes d'élite
du ministère de l'Intérieur ont dans le même temps remplacé le service de sécurité de la chaîne par une nouvelle équipe de gardiennage.
Celle-ci a d'abord empêché les journalistes de pénétrer dans les locaux de la chaîne, puis a commencé à les filtrer et à ne les laisser entrer qu'au
cas par cas. La nouvelle direction a demandé aux journalistes de NTV de signer un document attestant qu'ils acceptaient de coopérer
avec elle, et a commencé à licencier ceux qui refusaient.
"Cette opération est du même ordre que la tentative
de putsch d'août 1991 et elle est effectuée par les mêmes personnes, les membres des services secrets"
Hier, la nouvelle direction de NTV avait revendiqué le contrôle éditorial et financier de la chaîne russe, enjoignant la direction sortante de cesser
sa résistance et de s'effacer. La rédaction avait aussitôt rejeté ces prétentions. Les journalistes, rangés derrière leur directeur général et
rédacteur en chef démis Evgueni Kisselev, refusent d'obéir à la nouvelle direction, jugeant sa nomination illégale.
Un combat pour l'indépendance
"Cette opération est du même ordre que la
tentative de putsch d'août 1991 (contre Mikhaïl Gorbatchev) et elle est effectuée par les mêmes personnes, les membres des services secrets", a déclaré
Igor Malachenko, président du conseil de direction du groupe Média-Most, auquel appartenait la chaîne.
NTV s'est lancée dans une longue bataille judiciaire pouvant la mener jusqu'à la Cour
suprême pour contester la légalité de l'assemblée extraordinaire des actionnaires d'avril qui avait permis au géant gazier Gazprom, dont l'actionnaire majoritaire
est l'Etat russe, de prendre formellement le contrôle de NTV via sa filiale Gazprom-Media. Ils voient dans ce changement une tentative du Kremlin de museler la presse indépendante et notamment NTV qui est le média le plus
critique à l'égard de la direction du pays.
Par solidarité
avec ses confrères, le chef de la télévision d'Etat russe RTR, Oleg Dobrodeïev, a annoncé dans la matinée sa
démission, tout en affirmant qu'il n'envisageait pas de prendre en main la télévision privé e NTV.
Un dernier
baroud d'honneur
Les journalistes voient dans ce changement une tentative du
Kremlin de museler la presse indépendante et notamment NTV qui est le média le plus critique à l'égard de la direction du pays.
Les journalistes licienciés ont promis de continuer leur lutte contre la reprise en main de la chaîne privée par Gazprom et ont commencé
à diffuser des bulletins d'informations, à 8H00 (04H00 GMT), depuis des studios de la télévision locale TNT du groupe Media-MOST, auquel
appartient également NTV. Ainsi, déjouant la nouvelle direction, à l'heure du lancement des premiers programmes sur NTV est apparu à l'écran
le présentateur Andreï Norkine, l'un des opposants les plus actifs à la nouvelle direction. Sur la télévision apparaissait le logo de la chaîne TNT.
Il a eu le temps de donner sa version du "raid" orchestrait la nuit dernière par Gazprom dans les locaux de la chaîne. Il a ensuite laissé la place à
des images de la salle de rédaction. Le programme a duré sept minutes avant d'être brusquement interrompu par les nouveaux propriétaires.
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The original at http://www.tf1.fr/news/monde/0,2280,774896,00.html
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